Sujet initié sur
https://sidecar-occitanie.motards.net/t128-video-viree-pyreneenne-en-ambiance-automnaleJe ne suis pas étonné que les avis lus ou entendus sur les Dedôme soient aussi partagés. D'abord parce que le side-car est un objet éminemment passionnel, d'autant plus qu'il est lourd de conséquences, tant à l'achat que pour le bien-être de son conducteur et de sa famille qui va (ou pas...) l'adopter : c'est complexe comme une histoire d'amour... Ensuite parce que les productions de Pierre-Jean Dedôme détonnent et font parler dans le microcosme du side (en particulier ceux qui ne les ont pas essayé mais qui connaissent quelqu'un qui lui... ), presque autant que les Zeus... c'est dire...
Je propose donc le témoignage qui suit, sans autre objectif que d'apporter un point de vue totalement subjectif, mais argumenté, qui pourra peut-être permettre à certains de comprendre un peu mieux la philosophie de ces engins... totalement déraisonnables... mais tellement attachants !
= Les principales raisons de ce choix =
Ayant découvert et appris le side en tout-terrain avec un Dniepr - ceci explique sans doute cela - j'ai une aversion envers les attelages raides, lourds ou complexes, et j'aime voir la mécanique (non masquée par des caches et des carénages), tant pour la surveiller que pour intervenir dessus.
Dans cette optique, la meilleure moto à atteler à un Dedôme classique était la plus légère et la plus dépouillée, et donc... une BMW, roadster R ou GS
Les flats BMW offrent un bon couple, une bonne relance dès les mi-régimes, une bonne autonomie et une consommation raisonnable... pour un side (entre 6 litres aux cent en balade touristique tranquille et + de 10 litres en roulage chargé à un rythme soutenu en montagne). Sur autoroute, un pare-brise, un réservoir large, deux cylindres à plat protégeant les pieds se conjuguent pour épargner le conducteur et augmenter sa sécurité (un de ces cylindres m'a déjà sauvé une cheville le jour où une voiture m'a coupé la route, heureusement en ville à basse vitesse).
Je suis en outre d'assez fort gabarit (1m80 pour 96kg à sec) et souffre de maux de dos récurrents dus à pas mal de "pains" assez violents dans plusieurs sports (et sans doute aussi à mon... "léger" excédent pondéral...) et la GS m'offre une position droite - pieds sous le bassin - guidon haut et près du buste - dans laquelle je peux enchainer les heures de roulage sans problème.
J'ai donc opté d'autant facilement pour la GS que nous en possédions déjà une pour toutes ces bonnes raisons... quand notre enfant parut. :drunken: Car c'est banalement comme cela que l'on devient le plus souvent side-cariste.
Je ne parlerai que de l'attelage Dedôme + R1150 GS car n'en ai pas essayé aussi longuement d'autre.
= Prise de contact - Premières impressions =
A la prise en main - effectuée dans mon cas avec mon train de pneus d'origine (METZELER Tourance en profil trail, donc étroits) - ce qui frappe immédiatement c'est la légèreté de la direction, qui est vierge de tout amortisseur, et les guidonnages survenant parfois au démarrage ou à régime constant à basse vitesse. Ils sont heureusement facilement jugulés grâce au bras de levier offert par le large guidon de la GS et facilement évitables dès lors que l'on prend l'habitude de lancer avec franchise l'attelage (éviter par exemple d'ajuster les lunettes ou les serrages de poignet de ses gants en lâchant tout à 20 km/h
). Je reviendrai d'ailleurs plus loin (aux limites) sur ce comportement qui heurte bon nombre de "traditionalistes".
Ensuite, la position relevée, si elle offre comme tout trail une excellente visibilité permettant d'anticiper la circulation et les mouvements de chaussée (essentiel en side!), demande un certain temps d'acclimatation. Lorsque l'on sort d'une routière, à fortiori d'une sportive, cette position élevée amplifie au niveau de la tête les mouvements de roulis relativement importants de l'attelage, perturbant les habitudes et faussant les repères, jusqu'à devenir dangereux si l'on n'y prend pas garde (par exemple en contrebraquant par réflexe du coté intérieur du virage qui vient de vous sauter à la figure... ce qui va envoyer aussi rapidement l'attelage dans la direction opposée
).
Dans le même instant, il est probable que l'on ne se soit rendu compte de rien dans le panier : bercé sur les suspensions en élastomère de type silent'bloc ou articulés, l'habitacle offre une confortable banquette 1 place et demi où il ne manque qu'un cale pied pour que la petite famille puisse soutenir les accélérations et les freinages autorisés par l'attelage...
= Des courbes à droite... Pourquoi (il faut...) dépenser plus ! =
Comme tout side (hormis le Zeus qui est équipé d'un train AR directionnel... mais ce n'est pas un attelage), les droites sont affaire de géométrie, de pneumatiques et de suspensions et toute économie en la matière devra être soigneusement soupesée.
En effet, comme le diésel en automobile, le choix d'une jante AR automobile n'est indispensable que si l'on effectue un kilométrage important, à haute vitesse et chargé. Or, le coût de cette option est équivalent à l'achat d'une bonne dizaine de pneus trail en guettant les promos, soit 30 à plus de 50 000 kms suivant la conduite, le revêtement et le profil des routes empruntées (un Tourance fait moins de 2 500 kms en montagne à bonne allure
)
A contrario, le combiné AR japonais (Showa) qui équipe la R1150 GS doit être immédiatement remplacé dès l'achat par l'Ohlins aux spécifications définies par Pierre-Jean Dedôme. Il est déjà passable en solo où le train arrière s'assoit et dérive rapidement en virage sous l'effet du couple (il dispute en cela le prix du plus médiocre composant de la 1150 GS en monte d'origine avec le démarreur Valéo); avec la charge du side, l'hydraulique est complétement dépassée. Il ne mérite donc pas que l'on se gâche des milliers de kilomètres de conduite à s'en convaincre. Personnellement, par soucis d'économie, j'ai ainsi joué pendant quatre ans de la précharge pour compenser son mauvais comportement, phénomène accusé par les différences de chargement et la dureté de la suspension que je durcissais exagérément.
C'était déjà un mauvais jugement quand il s'agit de plaisir... et ce l'était encore plus quand j'ai constaté le gain en matière de tenue de route et donc de sécurité!). L'Ohlins le plus simple proposé en option par Pierre-Jean est réglable en amortissement en détente-compression par une unique mais efficace molette; je n'ai pas personnellement pas souscrit à la couteuse option du réglage hydraulique de la précharge (comme sur le Showa monté sur la GS) et je m'en passe très bien maintenant que j'ai une hydraulique et des réglages de l'amortissement qui fonctionnent !
La différence de comportement est spectaculaire, comme je l'ai écrit à Hug sur
https://sidecar-occitanie.motards.net/t46-projet-modification-bmw-gs-dedome (mais je crains d'être arrivé un peu tard pour lui sur ce forum...).
= Aux limites =
Poussé dans ses retranchements (conducteur seul à bord - side légèrement lesté), le train AV (telelever), qui est excellent à des allures normales - c'est à dire en phase avec sa vocation de side-car de tourisme - avoue les limites de son effet anti-plongée quand l'attelage s'écrase sur ses suspensions et part sur deux roues, en virage à droite comme... à gauche (si... si... mais pas fier le conducteur... joker), la fourche oscillant en torsion, vrillant sous la charge jusqu'à amorcer un guidonnage si l'on insiste. Je pense, par référence à l'influence du remplacement du combiné AR par un Ohlins, que ces oscillations sont là aussi imputables à l'hydraulique trop faible du combiné Showa AV, faiblesse que ne peut seule compenser la précharge élevée du ressort Ohlins plus raide qu'adapte Pierre-Jean en première monte.
Du coté du panier, à ce rythme - pour lequel il n'a pas été conçu, on peut le comprendre - les suspensions et isolateurs de la caisse vont s'écraser et celle-ci entrer en contact avec les tubes du châssis du side au niveau de petits tampons qui ne vont pas durer longtemps => tant que le concepteur ne proposera pas (ce pourrait être en option) leur remplacement par des éléments plus rigides (ce sera alors au détriment du confort), chaque propriétaire devra surveiller ces éléments, affiner leur calage et prévoir périodiquement leur remplacement.
= Bilan provisoire (à suivre) =
Pour finir cette prise de contact, la découverte du caractère facilement survireur de l'attelage à la décélération en entrée de virage à gauche achèvera de vous convaincre qu'un Dedôme classique attelé à une GS est un bijou pour gens instruits qui savent ce qu'ils veulent, à réserver à des conducteurs expérimentés
et suffisamment sensibles pour en découvrir
progressivement les subtilités et apprendre à en jouer à bon escient sur des chaussées bosselées, des routes sinueuses et en montagne, domaines où une R1150 GS attelée Dedôme classique excelle, notamment grâce à un excellent freinage combiné.
Il offre dans ces conditions un niveau de confort que je pense sans égal, tant à ses passagers qu'à son conducteur qui pourra rouler ainsi longtemps ! :king:
C'était illustré pour Noël sur
http://vimeo.com/56262503